Une collection de livres d’emblèmes à la Médiathèque

Toujours aussi réguliers, les travaux d’inventaire des fonds patrimoniaux ont récemment permis de constituer une catégorie réunissant plusieurs ouvrages passés directement dans le fonds ancien précieux : les livres d’emblèmes.

Les livres d’emblèmes, ou originellement emblemata de leur nom latin, sont des ouvrages illustrés par des gravures, elles-mêmes associées à un titre et à un texte, dont l’origine remonte au XVIe siècle. A des fins de symbolique moralisante, ces recueils ont connu spécifiquement en France un gros succès commercial pendant la Renaissance. Le plus « emblématique » d’entre eux est l’œuvre d’André Alciat, qui instaure et codifie le genre avec son Emblemata.

Emblemata d’André Alciat

La Médiathèque possède plusieurs éditions de ce livre fondateur du genre, mais elle s’est enrichie, au fil des inventaires, d’autres livres d’emblèmes plus atypiques.

 Nous avons choisi de présenter les Devises pour les tapisseries du roi, ou sont représentés les quatre éléments et les quatre saisons, avec les devises qui les accompagnent et leur explication (en français et en allemand).

Cet ouvrage a été gravé par l’artiste Johann Ulrich Kraus (1655-1719) à la fin du XVIIe siècle. Cette édition ressemble beaucoup aux éditions du même ouvrage de l’imprimeur Jacob Koppmayer (1640-1701) respectivement de 1687 et 1690 mais reste différente dans la disposition du texte.  Quoique relativement court avec sa centaine de pages, il n’en est que plus impressionnant par sa hauteur, qui fait la part belle à ses illustrations, gravées sur cuivre, visiblement très travaillées.

Atypique par sa forme, mais aussi par son contenu, ce volume à la fois livre d’emblèmes et d’apologie résulte du travail commun des illustrateurs Jacques Bailly et Charles Le Brun, tous deux peintres du roi Louis XIV.

La particularité de cette rare édition est son bilinguisme français / allemand, en caractères gothiques utilisés à l’accoutumée pour cette langue.

Constitué de deux parties égales, le livre tout entier célèbre le roi et ses qualités, à travers les quatre éléments de la nature, puis les quatre saisons de l’année. Véritable ouvrage de peintre, huit tableaux complets structurent l’œuvre et justifient ainsi son titre de « tapisseries ».

La présence des gravures emblématiques à chaque qualité du roi complète la richesse iconographique de cet ouvrage exceptionnel.

Avec la collaboration de Nicolas Breton, stagiaire en M1 Lettres à l’Université de Lorraine (avril-mai 2022).

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Une exposition exceptionnelle à la Médiathèque : Pierre Reverdy, « Il n’y pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour »

 

Pierre Reverdy est né à Narbonne en 1889. Fils d’un négociant en vins qui sera ruiné à la suite des Révoltes vigneronnes de 1907, il est élève au collège Victor Hugo à Narbonne.

Maison natale de Pierre Reverdy

Il part en 1910 à Paris où il écrit ses premiers textes et y rencontre ses futurs amis artistes ou écrivains : Max Jacob, Juan Gris, Georges Braque, Pablo Picasso, Guillaume Apollinaire, Fernand Léger et puis Matisse, Derain, Modigliani.

Il commence à écrire quelques poèmes dans des revues littéraires puis crée et dirige sa propre revue Nord Sud en 1917.

Au fur et à mesure de ses écrits, Reverdy s’annonce comme le précurseur du surréalisme, accompagné de ses amis peintres comme Picasso.

Visages par Henri Matisse

En 1926, il quitte Paris et se retire à l’abbaye de Solesmes (Sarthe) où il vivra jusqu’à sa mort en 1960.

Il continue néanmoins toute sa vie à écrire des articles dans des revues, des poèmes et de la prose et à collaborer avec ses amis artistes pour de somptueuses éditions.

Depuis quelques années, la Médiathèque s’est engagée dans la constitution d’un fonds  Pierre Reverdy comprenant aujourd’hui plus de 60 éditions originales et œuvres illustrées par de grands artistes. Des documents rares comme des lettres autographes du poète enrichissent ce fonds.

En 2019 et 2020, grâce aux subventions de l’Etat et de la Région Occitanie, la Médiathèque acquiert dix œuvres majeures dont un exemplaire unique et extraordinaire de son œuvre posthume Sable mouvant à la reliure exceptionnelle d’Henri Mercher.

Sable mouvant relié par Henri Mercher.

L’exposition patrimoniale de la Médiathèque révèle cette année ce fonds exceptionnel avec plus de 30 œuvres rares et jamais présentées au public.

extrait de La Liberté des mers

L’hommage à Pierre Reverdy se prolongera jusqu’en mars 2023 avec plusieurs manifestations culturelles à la Médiathèque.

L’exposition sera visible du 16 septembre au 19 novembre 2022 à la Médiathèque du Grand Narbonne (espaces publics – 1er étage)
Prolongation jusqu’au 31 mars !

Visites commentées à 11h
:
– en janvier : les samedis 7, 14 et 21
– en février : les samedis 4 et 18
– et enfin en mars : le samedi 11
Sans inscription.
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Il y a 200 ans, Champollion déchiffrait les hiéroglyphes égyptiens

Il y a deux cents ans, un jeune égyptologue français du nom de Jean François Champollion, découvre la signification des hiéroglyphes.

A l’occasion de ce bicentenaire, qui révolutionna l’égyptologie, retour sur le personnage  et quelques ouvrages conservés dans les fonds patrimoniaux de la Médiathèque du Grand Narbonne.

Portrait de Champollion (1790-1832)  
(peinture de Léon Cogniet – Musée du Louvre, Public Domain)

Né à Figeac en 1790, le jeune Champollion se passionne très jeune pour les langues anciennes.

En 1798, lors de l’expédition d’Egypte, des soldats français découvrent une pierre noire appelée pierre de Rosette, gravée avec trois écritures différentes : grec ancien, démotique et hiéroglyphes.

extrait de Monuments d’Egypte et de Nubie [Fonds ancien AM 635]

En 1807, Champollion rencontre l’archéologue Aubin-Louis Millin, conservateur du Cabinet des antiques. Il obtient une copie de la pierre de Rosette, étudie des papyrus, établit des comparaisons entre les différentes langues orientales.

Alors que le chercheur anglais Thomas Young découvre les caractères en démotique, Champollion étudie les hiéroglyphes et s’aperçoit que ces caractères sont à la fois des idéogrammes et des signes phonétiques :

« C’est un système complexe, une écriture tout à la fois figurative, symbolique et phonétique dans un même texte, une même phrase, je dirais même dans un même mot ».

 En 1822, il révèle sa découverte dans une lettre à l’Académie des Inscriptions et des Belles Lettres.

En 1826, il fonde le Département des Antiquités égyptiennes du Louvre. Il part en mission scientifique en Egypte entre 1828 et 1830. En 1831, il est nommé au Collège de France mais il meurt d’épuisement en 1832.

C’est son frère, Jacques-Joseph Champollion-Figeac qui reprend ses notes et publie ses ouvrages posthumes comme le splendide Monuments d’Egypte et de Nubie en 4 volumes in folio, richement illustrés de magnifiques chromolithographies. [Fonds ancien AM 635]

extrait de Monuments d’Egypte et de Nubie [Fonds ancien AM 635]

La Médiathèque possède également deux autres ouvrages de Jean-François Champollion : Grammaire égyptienne ou principes généraux de l’écriture sacrée égyptienne appliquée à la représentation de la langue parlée (1836) et Dictionnaire égyptien en écriture hiéroglyphique (1841) [Fonds ancien AM 161 et AM 162].

extrait de Monuments d’Egypte et de Nubie [Fonds ancien AM 635]
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Fonds de conservation jeunesse

Un nouveau fonds patrimonial : Fonds de  conservation jeunesse

P 12A l’instar de la Bibliothèque d’Étude et du Patrimoine de Toulouse, la Médiathèque a créé récemment un fonds de conservation jeunesse. Un don conséquent d’ouvrages anciens pour la jeunesse reçus en 2016 et 2017, ainsi qu’un fonds jeunesse particulièrement développé et varié (livres animés, livres d’artiste) ont été les deux déclencheurs de la constitution de ce fonds ; l’inventaire actuel du fonds ancien a permis également d’y intégrer quelques exemplaires destinés à la jeunesse éparpillés dans le fonds initial.

Au total, ce fonds comprend aujourd’hui près de 600 documents et rassemble des éditions illustrées (XIXème-XXème siècles), des bandes dessinées, des livres pop-up, des contes et de nombreux livres scolaires du milieu du XXème siècle.

Parmi ces ouvrages, se trouvent quelques pépites de la littérature jeunesse comme une édition illustrée de Jules Verne, au célèbre cartonnage Hetzel dit au portrait collé ou encore une édition originale de la bande dessinée La Bête est morte datant de l’Occupation. Illustrée par Calvo, cet ouvrage, rare, raconte la Seconde Guerre mondiale dans un univers animalier : Les Allemands deviennent loups, les Français sont des lapins et des cigognes, les Anglais des bouledogues et les Russes des ours. La «bête» est bien sûr le grand méchant loup qui représente Hitler sur la page de titre. Un deuxième volume paraîtra en 1945.

P 13(2)

Le fonds est consultable sur place sur demande : s’adresser au service patrimoine.

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